FICHES RP (OC)

Sourire idiot qui se détache des lèvres, grimpe jusqu’aux yeux qui sont éclairés par cette lueur différente de d’habitude, presque inhabituelle, presque véritablement rare dans les yeux de l’hôte qui habite l’appartement. Les doigts qui tapotent le téléphone, les lettres s’attachant en de graciles syllabes pour donner forme à un message, essayant de rester détaché, détendu, nonchalant, quand une autre petite chose dans ce tableau, au final, vient tout fausser, mais difficile d’en parler, difficile de vocalises une alchimie psychosensible qui creuse la poitrine en un écart disruptif. Drôle d'écart entre les côtes et l'arceau du cœur, quelques sursauts légers à chaque message depuis qu'il y a eu ce banal échange dans une librairie renfermant l'El Dorado d'un amoureux de l'armement comme toi.

En réalité, les sursauts sont plus irréguliers depuis la première nuit sur un balcon quand la peau était appuyée du froid d'un canon gelé au milieu des grésillements d'une colère loin d'être unilatérale. Sursaut du cœur, sursaut de la raison dans la curiosité piquée au vif, un enchaînement foudroyant qui t'as pris au vif, par surprise, encore plus quand le rendez-vous à l'étage du dessous a sonné, qui s'est tourné en échange de souffles et de baisers bouillants, si loin de la glace de cette bataille pour quelques jetons. La marque des lèvres encore sentie quelques jours plus tard, comme un fantôme passager difficile à faire disparaître. Curieusement, ce n'est pas comme si tu voulais que l'illusion disparaisse. La marque de deux corps unis sous les draps, dans l'illusion d'une lumière tamisée donnant des airs d'euphorie. Ouais, t'es piqué.

Comme rarement dans ta vie.
Comme jamais, avant.

L'envie de mettre tout cela sur le compte d'une alchimie, d'une curiosité pour éviter de pointer la possibilité de sentiments pointilleux dans la poitrine. Ceux-là-même qui font apparaître des sourires sur tes lèvres, qui a propulsé ton arrivée dans cette librairie à la recherche de l'ouvrage dont il t'avait parlé, curiosité presque adolescente de connaître ce qui semblait si important, si beau, aux yeux de l'homme qui a partagé tes draps, ton souffle, tes doigts entremêlés, tes pensées mélangées entre désir et effusions d'émotions contraires. Pourtant, t'es là, comme un adolescent de presque quarante ans, appuyé à ton comptoir, à contempler le dernier message envoyé par la tête brune et les yeux caramels qui ont capturé ton attention dans le plus doucereux des écrins.

Tu te dis que tout ça, c’est qu’une question d’alchimie, de courant qui passe, qui marche, qui fusionne, qui fait que ça fonctionne, qu’il peut pas y avoir autre chose que cette idée dans le crâne. Tout ça, c’est de l’alchimie, c’est les hormones, c’est la magie des corps et pas du cœur, c’est dans la tête mais aussi dans l’espace entre vous. Y’a pas de raisons à ce que tu aies passé autant de temps à vérifier que ton appartement était clean si ce n’est ta maniaquerie habituelle, y’a pas de raisons à ce que tu aies mis autant de temps à choisir ce pull en maille simplement pour en retrousser les manches, bras tatoués dévoilés en ne laissant aucune traces des secrets qui sont invisibles. L’ajustement de ta montre, changée trois fois, n’a rien à voir avec l’excitation dans ta poitrine, celle-là même uniquement liée à l’idée de pouvoir découvrir le travail de l’orfèvre possédant le prénom doux de Maxence. Prénom bien plus intimement lié aux souffles mêlés qu’à l’altercation brutale du casino, comme si le simple échange de l’acte le plus vieux du monde suffisait à effacer la brutalité de vos mots, de vos attaques, de vos provocations, de sa mise à terre.

Soupir inspiré, téléphone abandonné sur le comptoir pour que les doigts jouent avec la bouteille de vin déjà ouverte. Vin blanc à la française, pour décanter la drôle d’excitation qui te pousse à encore réarranger une énième plante sur ton comptoir, îlot de la cuisine à motiié ouverte sur l’entrée. Maniaque dans l’âme, quelques lumières allumées et le reste de ton monde désormais figuré sur son arrivée qui ne devrait pas tarder, rendez-vous suivant cette rencontre à sa librairie pour lui rendre le pistolet volé lors de l'entrevue dantesque aux jeux, pourtant encore dans tes affaires, oublié dans quelques sourires, après deux autres rencontres où les baisers se sont volés comme les cartes du casino, comme les jetons. Petit sourire à n’avoir toujours pas récupéré le doré du jeton qu’il t’a lui-même volé avant ce saut dans le vide.

Seulement, y’a du retard.
Et tu es maniaque, jusque dans ton temps.

Mais plus que tout : t’es inquiet. Un peu la trouille qu’il se pointe pas, qu’il n’y ait pas cette discussion autour d’une passion commune, que tu n’arrives pas à excommunier avec autant de gens que tu le voudrais. Parler de pistolets, d’armes à feu en tout genre, c’est pas le genre de trucs qu’on propose en discussion au premier client qui passe la porte de la boutique, et si en plus, c’est avec quelqu’un pour qui tu sembles irrémédiablement attiré - malgré tes réticences à l’avouer ou ne serait-ce qu’admettre que cette attirance est irrémédiable. Les pas sont creusés dans l’appartement, les cigarettes enchaînées sur le balcon, le pied tapoté, les ongles appuyés contre la peau, petite crise d’inquiétude jusqu’à ce que le clairon de la sonnette du salon résonne jusque dans ton appartement. Même pas un coup d’oeil à l’horloge, tu préfères pas te figurer le temps réel d’attente pour pas que des pensées de colère de maniaque surgissent d’ailleurs. Escaliers dévalés, un dernier regard dans un miroir avant de croiser l’open space jusqu’à l’entrée, clés entre les doigts pour ouvrir la porte avec un sourire, puis l’étonnement de le voir aussi chargé. A peine un mot à dire, tu as déjà un sac entre les doigts.

Nice to see you too, Max. soufflé en fermant la porte, verrouillée pour éviter que quiconque se dise que parce qu’il y a de la lumière soudainement, ils peuvent rentrer, technologie de reconnaissance des mouvements - ta peur de l’ombre jusque dans les détails insignifiants d’un système de luminaires. Damn, you took all of your catalog or something with you for that presentation, huh? Petit sourire, pas encore eu le temps de s’attarder sur lui si ce n’est les cheveux mouillés, les pas vites pressés pour grimper à l’étage, rejoindre le confort de l’appartement et de sa luminosité bien moins agressive, celle d’en dessous obligatoire pour un confort des artistes veillant à ne pas tracer une ligne trop tremblante quand elle se doit d’être indélébile. You doin’ okay? que tu demandes entre la marche numéro cinq et la marche numéro six montant à ton appartement, les éclairages s'éteignent à la suite de votre passage, mezzanine déjà dépassée par l’excitation des armes à découvrir - mais pas que.

Porte d’entrée passée, vite refermée dans un mouvement de coude pour qu’elle se claque derrière toi, le laisse faire comme chez lui - il connaît déjà les lieux même s’il n’en est pas maître. Un instant, juste un instant, le dos contre la porte, les yeux qui prennent le temps, juste un instant - bien trop long pour n’être que quelques secondes en réalité - de se tourner vers lui, centre de ton attention soudaine, déportée des étuis qu’il porte sur ce qu’il porte, sur son allure. Tu ne peux pas t’en empêcher, soudain adolescent à nouveau, la mâchoire au sol et les yeux qui papillonnent sur ce col roulé et l’allure particulièrement charmante qu’il lui donne. T’as jamais été aussi faible pour les autres, il t’arrive quoi, là tout de suite? L’alchimie, truc physique qui marche, reconcentre toi. You’re lookin’- good, like that. The turtleneck- really a strong suit on you. Non, pas comme ça Meredith. Adolescent dans un corps de quarante ans, avec un compliment et les yeux qui ont du mal à quitter la forme que prends ses épaules sous ce col roulé, tu te sens soudainement moins bien habillé dans ce pull qui marque pourtant tout aussi bien la largeur de tes épaules et les muscles dessinés sous les mailles. Raclement de gorge, sac de bouffe déposée sur le comptoir de la cuisine, attention nouvellement déportée sur les étuis, essaye de pas trop se perdre sur ses épaules, sur la finesse de sa taille - stop, putain. Transporting your stuff in instrument suitcases? That’s damn clever, I gotta say. Got a few pals who did that from where I came from. sourire léger en chopant la bouteille de vin, deux verres servis dans un coup de poignet agile. So, by what are we starting, hm?

Après tout, c’est supposé être un rendez-vous professionnel, cette histoire.