FICHES RP (Benjamin Otterton)

La caisse à peine arrêtée, tu appuies le dos de tes jambes au capot encore chaud. Il n’y a personne aux alentours. Normal. C’est les BadLands. Personne n’y traîne à part ceux qui fuient vers la frontière, les nomades, quelques Wraiths, quelques gens mal intentionnés.

Comme toi il y a quelques mois, avec ton fardeau dans cette bâche enroulée à l’arrache.

When was the last time actually ? I- I can’t remember.

Un soupir, dans l’air un peu froid du matin. Tu voulais venir un peu tôt, pour être vraiment tranquille, même si tu savais que seuls quelques grains de sable et des arbres morts allaient te tenir compagnie.

I guess I lied to myself. About the whole regrets thing, needing to come here now and then.

Tu hausses les épaules, les mains dans les poches. Tu regardes un peu partout ailleurs, pas vraiment la personne à qui tu parles. Difficile de la voir, sous tout ce sable, sans indications de l’endroit où elle repose. Mais toi ? Tu connais l’endroit par cœur.

This is what happened with Zola, somehow. You call people the love of your life when you’re seventeen and you manage to forget them. And it comes back to bite you in the ass in your forties. Deserved, I guess.

Tu te définirais pas comme quelqu’un d’ironie. Mais face à la mort, face à tes propres erreurs, surtout celles qui te ramènent à celui que tu étais il y a une dizaine d’années… C’est impossible de ne pas reglisser dans tes vieux travers. Il y a des choses qui ont blessé, et pas que de ton côté. Tu sens ce vieux besoin de te protéger de mots.

But he forgave me. I’m lucky. I’m still forgiving myself. But you don’t care about that, do you ?

Tu soupires encore, sors ton paquet de cigarettes de ta poche, grille l’embout de l’une d’elles. Tu vas t’en enfiler plusieurs, c’est toujours comme ça que ça se passe dans ce genre d’instants un peu écartés du temps, perdus dans des souvenirs douloureux qui prennent à la gorge, étanchent seulement le besoin de nicotine pour faire passer la pilule.

Guess you would like to know if I’m hurting myself over this. Over all that sand and what lies under.

Tu grattes un peu le dit sable du bout de ta botte, alors que tu expires les premières bouffées de fumée. Tu sens le froid de l’aube sur ta peau, ça te fait du bien – ça te garde la tête hors de l’eau, ça te réveille. Dans l’attente des premiers rayons du soleil qui ne vont plus tarder.

I don’t know. Un rire un peu fou s’échappe de ta gorge sèche – de l’eau, ça aurait pas été complètement con tiens, pour un voyage dans le désert. I’m thinking about it. But the stupid life keeps getting in the way.

Un sourire éclaire doucement ton visage.

Happiness does too.

Tu te mords les lèvres, conscient de ce que tu es en train de dire. Tu ne sais pas si tu as la force de poser des mots sur les sentiments, tu ne peux qu’essayer.

Guess that makes me a monster. Not thinking too much about my past mistakes because I’m- happy now. I found what I was searching for.

La cigarette entre l’index et le majeur, tu frottes tes mains pour les réchauffer un peu. Le froid les gagne toujours plus facilement que le reste de ton corps – c’est que venir à l’aube dans le désert en veste en cuir et en jean, c’était peut-être pas intelligent non plus.

Did you ?

Tes sourcils se froncent légèrement en regardant la tombe, avec cet air impassible. Celui qui ose enfin s’affirmer, admettre ses torts et voir qu’il n’était pas le seul à en avoir. Le martyr se rebellant, ouvrant les yeux sur la réalité du monde.

Did you think you would find what you wanted by lying to me ? To your sister ? To everyone that cared about you ?

Un sourire, navré cette fois. Pas pour ce qui est arrivé : pour le chemin de pensées et de choix tragiques qui ont mené à cette destinée.

You know- I guess I have to say it out loud to feel better. To be in peace with myself.

Tu déglutis un peu, serre ta prise sur ta cigarette de la main qui la tient, et l’autre va se fourrer dans ta poche, besoin de chaleur. Besoin d’une planque où crisper tes doigts – même si personne ne peut te voir actuellement.

I still- I still feel guilty for Orchid’s sister. How she knew her, who she was… Hell- you were mine, my sister. Half, but still mine. But- Well, hard to consider it like this.

Un silence, nécessaire, à la construction de choses dans ton esprit, pour formuler la phrase suivante.

But for the rest ? I- I think about it. Sometimes. Less and less. And-

Quelques images reviennent devant tes yeux noirs, essayent peut-être de te convaincre du contraire de ce que tu vas dire. Mais tu n’aimes plus mentir à celui que tu es.

You know… The friend. The estimated colleague. The one I taught to defend herself, pleading she didn’t know anything about fist or gun fights. The one Ethan taught to do complicate cocktails. My own half-sister. I taught about all those ones you know. Ton poing se serre dans ta poche, l’autre vient porter la nicotine salvatrice de ta tension à tes lèvres. They were children of the sacro-saint Militech empire. Children of betrayal and sorrow. That’s all you brought to us. Whatever the role you picked, it was the goal, the hidden objective behind all of them. This is what you did to us.

Les traits de ton visage se crispent. Tu n’as jamais été cette personne : celle qui ne pardonne pas. C’est difficile de devenir quelque chose que tu n’as jamais été.

I regret Orchid’s sister. I maybe regret the half-sister I didn’t know. Une inspiration, une bouffée de cigarette pour se calmer, pour juger la tombe dans un regard presque assassin, rancunier. But all the others…

Tu parles tout bas, dans le silence du désert, comme dans un confessionnal immense.

I don’t regret killing that Lily. Not anymore.

Tu entends une voiture vrombir derrière toi, te sortir dans tes pensées. Tu reconnais le modèle, tu reconnais la silhouette qui se dessine à la place du conducteur même si ça n'aurait pas été nécessaire. Tu as mal choisi ton timing. Ou est-ce que ce sont tes nouvelles convictions qui essayent de te tester, toi et ta résistance, ta détermination ? Possible.

Ou alors c'est tout simplement ce vieil adage qui s'applique tant à toi.

Être toujours au mauvais endroit au mauvais moment.